Présentation
Long poème avec deux contes et une lettre, ce texte retrace l'enfance et l'adolescence d'une jeune princesse en mission spéciale, devenue Sicli l'automate par contamination ou bien imitation ou bien agression, au choix. Une histoire, puis deux, différentes versions d'une même histoire, deux histoires différentes avec même version, la lettre d'une lectrice revenue de loin, dans un temps incertain et pourtant présent dans l'imaginaire enfantin de la narratrice. Comme dans les contes, un château, un roi et une reine, une princesse, de la magie, et quelques points de suspension sur la violence. Mais la princesse revient sur ses traces et devient une chevalière, dans un désir irrépressible de raconter et de vivre sans ponctuation imposée et blessante comme des aiguilles sur un cadran.
Quatrième de couverture
Autonomate du cœur en devenir, une jeune princesse s'était enfouie de peur dans l'automate longtemps. Gestes saccadés et conformes, pas de mouvement inopportun pour une princesse, se taire infinitivement, laisser parler la dominance. Code marin dans la tempête fixer le point sur l'horizon, dérégler la ponctuation, plus de numérotation après le choc. La fabrication du mouvement sans destination, la parole prend la liberté de dessiner à nouveau la plage et le petit portail vert et la mer au loin, assiste à la transformation de la princesse en automate puis en chevalière au grand cœur, une balade, hors des pages et des flèches, des versions inconnues d’ancêtres revenus et de l'enfance fil conducteur du petit bateau.
Extraits choisis
01
I
Jusqu'à présent personne
Ne m'a prise
Au sérieux
Automate du cœur
De la nuit alcoolisée
Et des débordements des crises
Des allures jaunâtres morcelées
Les écueils écoutaient avec attention
Enfermement étouffant des rôles
Rejouer indéfiniment la phrase
Chorégraphiée
Dislocation des membres
Et du cerveau nocturne en mouvement
02
II
Sicli dans la cour de l'école
On riait
L'automate du cœur
Faisait ravage
Peur de l'incendie au retour
Flâner sur les trottoirs
Au détour des dalles à enjamber
Des sonnettes dans les oreilles
J'allais d'un arbre peint en bleu
À un autre
Balançant les rêves
À contre cœur
On riait
J'étais agent secret
En mission sicli
J'écoutais j'enregistrais les voix
Les silences les bougeoirs lustrés
Tout remuait au plafond
La douceur du pain grillé
Le matin des vacances
Et les remous au soleil de mai
Je quittais la terre
Bateau carton sauveur
03
III
J'étais automate du cœur absent
La plage ouvrait ses bras
Son parfum dans les narines
De plein fouet je les prenais
On riait
Mon sicli perpétuel
Mon sicli bâtisseur
D'armures
Les coques multiples les unes
Sur les autres par niveau
Les strates de l'automate
04
IV
La toile cirée à rayures
Etendue mollement sur
La table
Que voulait-elle de moi ?
Je ne la comprenais plus
Sicli voulait le pouvoir
Du corps emmêlé
Sicli avait le pouvoir
Des mots
Une main sur la barre
L'autre en arrière
Sicli dans la cour de l'école
Devoirs rédigés parfaitement
Félicités enchantés
05
V
Automate des désirs
La forme prend le dessus
Adhésion totale au conforme
L'attendu se réjouit de toute
Forme attendue
Et voulue par l'ensemble
Du corps familio-socio-mondialo etc.
En conformité
Corps de fille cœur dans la tête
Sonores brûlants
Injonctions d'artichaut
Font brûler l'enveloppe
Fondue
En automate
06
VI
Les souvenirs reviennent aujourd'hui délicieusement dans une atmosphère calmée et lumineuse. Mon Sicli majuscule me fait rire saccadé dans la cour de l'école les rires de l'enfant joues rougies et brûlant de vie. La peur viendrait un temps plus tard lorsque j'aurais à me défendre l'armure prête réglée du sicli prendrait le dessus pour vaincre l'effroi l'homme lourd dans son conformisme. Que lui a-t-on appris du cœur de l'automate ?
07
VII
Réglée intérieurement
L'armure contre l'incendie
Déclaré en juillet
Apparition du double automate
Prise de parole devenue
Impossible
Sonnerie alarme
08
VIII
Moi aussi
J'ai entendu ce moi aussi
Répandu partout
Tous les milieux conformes
La fille artichaut se dévoile
Transformation en mots
En verbe d'action vertigineuse
Vitamine dans l'œil
Lorsqu'il n'est pas masqué
Enseveli sous les rideaux
09
IX
Petite histoire fait réagir sicli
Qui se rebelle
Veut le dessus
Vocifère envoie balader
La mécanique approximative
Des soirées sous le soleil d'été
Et les nages dans l'eau filante des étoiles
Les poissons avec les mains tournent
Et retournent les sentiments
Comprendre ce qui arrive
Fallait-il que ça arrive ?
10
X
Sicli fait la tête il envahit
Les membres inférieurs la démarche
En dedans referme les yeux
Retour en espace sombre
Fermeture des grilles invisibles
Et fermes
Toujours ce verbe qui cherche
L'issue
Longtemps dans les contours
Les couloirs à vitesse
En courant
Se cognant aux portes
De l'âge incertain
Léger bruit du temps
11
XI
Je préférais la plage c'était mon enfance les matins de soleil sur la mer le vert clair des ciels d'orage et la mélodie de l'eau à côté des rames j'avançais. Maillot de bain sans armure le sicli désintégré dans l'élément liquide recherche dans l'alcool mêmes sensations que dans l'eau sans jamais retrouver l'amour fou de la vie de l'enfance.
12
XII
Sortie de l'eau abrupte dans la douleur
Du solide revêtement
Un théâtre de l'espèce humaine
Le double fond dans les mains
Tenir absolument face mobile
Et souriante
De la conformité tout va bien
Tout est en ordre
Les notes les rythmes le drame
Pas de confidence
Autonomate du cœur en devenir
Pas l'espace suffisant
Automate pour longtemps
Accélération des aurores
Et des soleils troublants